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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


représentations affirme que cette première espèce de représentation, que nous appelons simplement intuition, n’est proprement que la notion confuse de son objet, par conséquent une intuition qui ne diffère des notions des choses que par le degré de conscience, et non spécifiquement, en telle sorte, par exemple, que l’intuition d’un corps, avec conscience universelle de toutes les représentations y contenues, en donnerait la notion comme, d’un agrégat de monades, le philosophe critique remarquera, au contraire, que la proposition : « Les corps se composent de monades » pourrait résulter de l’expérience par la simple décomposition de la perception, si seulement nous avions la vue assez perçante (avec conscience suffisante des » représentations partielles). Mais comme la coexistence de ces monades n’est représentée comme possible que dans l’espace, notre métaphysicien de la vieille roche • doit considérer l’espace comme une représentation purement empirique et confuse de la juxtaposition du divers dont les éléments sont en dehors les uns des autres.

Mais comment est-il alors en mesure d’affirmer comme apodictique la proposition que l’espace a trois dimensions ? car il n’aurait pu déduire aussi par la plus claire conscience de toutes les représentations partielles d’un corps qu’il doit être ainsi, mais toul au plus qu’il est comme l’enseigne la perception. Mais s’il regarde l’espace avec sa propriété des trois dimensions comme nécessaire, et qu’il le donne pour fondement de toute représentation des corps, com-