Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
410
PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE



TRAITÉ.


La métaphysique se distingue nettement de toutes les autres sciences, en ce qu’elle est la seule qui puisse être exposée complètement, de manière à ne rien laisser à faire à la postérité, à ce qu’elle ne puisse être étendue quant à sa matière, et que même si de son Idée ne sort pas systématiquement le tout absolu, la notion qu’on s’en fait ne peut être regardée comme justement conçue, La cause en est à ce que sa possibilité suppose une critique de toute la faculté rationnelle dans laquelle cette faculté est pleinement épuisée a priori par rapport aux objets d’une expérience possible ; ou ce qui revient au même (comme 011 le fera voir par la suite), dans laquelle ce qu’elle peut fournir par rapport aux principes a priori de la possibilité d’une expérience en général, par conséquent pour la connaissance du sensible, peut être entièrement déterminé. Mais ce qu’elle réclame impérieusement par la seule nature de la raison pure à l’égard du sursensible, n’est peut-être qu’une question, peut-être aussi est-il l’objet d’une connaissance possible. En tout cas, il peut et doit être donné nettement par la propriété et l’unité de cette faculté pure de connaître. De là, et de ce qu’on peut déterminer en même temps a priori par l’Idée d’une métaphysique, tout ce qui peut et doit y entrer, ce qui en constitue toute la matière possible ; on peut savoir quel est à l’égard du tout l’acquis réel de cette science dans un temps, dans un pays, par rapport à son acquis dans un autre 1