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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


pour qu’il y ait opposition, peuvent, exactement comme en logique, être faux tous les deux, en métaphysique également. Ainsi : si la proposition : Le monde n’a pas de commencement, a pour opposée : Le monde a un commencement, elles ne contiennent l’une et l’autre que tout juste ce qu’il faut pour que si l’une des deux devait être vraie, l’autre dût être fausse. Mais si je dis : Le monde n’a pas de commencement, il est de toute éternité, je dis plus qu’il ne faut pour qu’il y ait opposition. Car outre ce que n’est pas le monde, je dis encore ce qu’il est. Mais si le monde est considéré comme un tout absolu, il est conçu comme un noumène, et cependant comme un phénomène quant au commencement ou au temps infini. Si maintenant je proclame cette totalité intellectuelle du monde, ou que je lui assigne des limites comme phénomène, les deux propositions sont également fausses. En effet, avec la totalité absolue des conditions dans un monde sensible, c’est-à-dire dans le temps, je tombe en contradiction avec moi-même, de quelque manière que je puisse me le représenter en intuition, c’est-à-dire comme infini ou comme limité.

Au contraire, de même qu’en logique des jugements subcontraires entre eux peuvent être vrais l’un et l’autre, parce que chacun d’eux dit moins qu’il ne faut pour qu’il y ait opposition, ainsi, en métaphysique, deux jugements synthétiques, qui se rapportent à des objets des sens, mais qui ne concernent que I le rapport de conséquence à principes, peuvent être