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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


ponse s’étende à toute la métaphysique. Comment est-il possible en effet, dit cet esprit profond, que si une notion m’est donnée je puisse en sortir et y rattacher une autre notion qui n’y est point contenue, et même comme si celle-ci tenait nécessairement à celle-là ? L’expérience seule peut nous fournir de pareilles liaisons (c’est ainsi qu’il conclut d’une difficulté qu’il regardait comme une impossibilité), et toute cette prétendue nécessité, ou, ce qui revient au même, une connaissance a priori estimée nécessaire, n’est qu’une longue habitude de trouver vrai quelque chose, et de tenir par conséquent pour objective la nécessité subjective.

Si le lecteur se plaint de la difficulté et de la peine que je lui donnerai par la solution de cette question, il a le droit d’en essayer une plus facile. Peut-être s’attachera-t-il alors à une tentative qui a entrepris pour lui une si profonde recherche, et sera-t-il un peu surpris de la facilité avec laquelle on a pu encore l’exécuter, vu la nature de la chose en question. Aussi a-t-il fallu des années de longs travaux pour résoudre cette question dans sa pleine universalité (au sens où les mathématiciens emploient ce mot, c’est-à-dire suffisant pour tous les cas), et pour être en état de la présenter enfin sous une forme analytique, comme le lecteur la trouvera dans cet écrit.

Tous les métaphysiciens sont donc condamnés à suspendre solennellement et justement leurs occupations tant que la question : Comment les connaissances a priori sont-elles possibles ? n’aura pas été résolue par