Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/455

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
455
EN GÉNÉRAL.


notion toute prête pour l’intuition donnée, compare l’imagination (dans la simple action de saisir l’objet) avec l’entendement (dans l’exposition d’une notion en général), et aperçoit un rapport des deux facultés, lequel constitue en général la condition subjective purement sensible de l’usage objectif du jugement (c’est-à-dire de l’accord réciproque de ces deux facultés). Mais un jugement esthétique des sens (Sinnenurtheil) est possible aussi, lorsque le prédicat du jugement ne peut être une notion d’un objet, puisqu’il n’appartient à aucune faculté de connaître, v. g., le vin est agréable ; car alors le prédicat exprime le rapport immédiat d’une représentation au sentiment de plaisir et non à fa faculté de connaître.

Un jugement esthétique en général peut donc être défini : un jugement dont le prédicat ne peut jamais être une connaissance (notion d’un objet), quoiqu’il puisse contenir les conditions subjectives d’une connaissance en général. Dans un pareil jugement le principe de détermination est la sensation. Or il n’y a qu’une sensation particulière, comme telle, qui ne puisse jamais être notion d’un objet, et cette sensation est le sentiment de plaisir et de peine. Elle est purement subjective, à l’inverse de toute autre sensation qui peut servir pour la connaissance. Par conséquent un jugement esthétique est celui dont le principe de détermination consiste dans une sensation qui est immédiatement unie au sentiment de plaisir ou de peine. Dans le jugement esthétique de sentiment, la sensation est immédiatement produite par