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SUR LA PHILOSOPHIE


donne des lois non à la nature ni à la liberté, mais à lui-même, et qu’il n’est point une faculté de produire des notions d’objets, mais seulement de comparer avec ceux qui lui sont donnés ultérieurement les cas qui se présentent, et d’établir a priori les conditions subjectives de la possibilité de cette liaison.

On comprend aussi par là pourquoi l’autonomie dans une action qu’elle pratique pour elle-même (sans avoir pour fondement une notion de l’objet) comme jugement purement réflexif, au lieu d’un rapport de la représentation donnée à sa propre règle avec conscience de cette représentation, ne rapporte (ce qui n’arrive pour aucune autre faculté supérieure de connaître) immédiatement la réflexion qu’à la sensation qui, comme toutes les sensations, est toujours accompagnée de plaisir et de peine ; la raison en est que la règle même n’est que subjective, et que l’accord avec la règle ne peut être connu que par ce qui exprime également le simple rapport au sujet, à savoir la sensation, comme caractère et principe de détermination du jugement. Ce jugement s’appelle donc aussi esthétique, et tous nos jugements d’après l’ordre des facultés supérieures de connaître, peuvent en conséquence être divisés en théoriques, esthétiques et pratiques. Par jugements esthétiques il ne faut entendre que les jugements de réflexion qui ne se rapportent qu’à un principe de la faculté de juger, comme faculté supérieure de connaître, tandis que les jugements esthétiques de sensibilité n’ont immédiatement affaire qu’au rapport des représentations avec le sens interne, en tant que sentiment.