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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


de la sensibilité. D’où il suit que des propositions qui concernent uniquement cette forme de l’intuition sensible sont possibles et valables à l’égard des objets des sens, et à l’inverse que des intuitions qui sont possibles a priori ne peuvent jamais concerner que des objets des sens.


§ X.

La forme de l’intuition sensible est donc ce par quoi nous pouvons percevoir des choses a priori, ce par quoi seulement nous pouvons connaître les objets tels qu’ils peuvent nous apparaître (à nos sens), non tels qu’ils peuvent être en soi ; et cette supposition est absolument nécessaire si l’on reconnaît la possibilité de propositions synthétiques a priori ; et, si elles sont réelles, sa possibilité doit être conçue et prédéterminée.

Or l’espace et le temps sont ces intuitions que la mathématique pure donne pour base à toutes ses connaissances, et aux jugements qui s’offrent en même temps comme apodictiques et nécessaires ; car une mathématique doit d’abord présenter toutes ses notions en intuition, et une mathématique pure doit les présenter en une intuition pure, c’est-à-dire les construire, sans quoi (parce qu’elle ne peut procéder analytiquement, ou par décomposition des notions, mais synthétiquement) il lui est impossible de faire un pas tant qu’elle n’a pas une intuition pure, dans laquelle seule la matière des jugements synthétiques a priori peut être donnée. La géométrie a pour base l’intui-