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POSSIBILITÉ DE LA PHYSIQUE PURE.


universelle : cette notion est une notion intellectuelle pure a priori, propre seulement à déterminer la manière dont une intuition peut servir aux jugements. Soit donc la notion de cause ; elle détermine l’intuition qui lui est subsumée, par exemple celle d’air, par rapport à ce jugement en général, que la notion d’air, en ce qui regarde la dilatation, dans le rapport d’antécédent à conséquent, a son usage dans le jugement hypothétique. La notion de cause est donc une notion intellectuelle, entièrement différente de toute perception possible, et qui ne sert qu’à déterminer la représentation à elle soumise, par rapport au jugement en général, par conséquent à rendre possible un jugement d’une valeur universelle.

Il faut donc pour qu’il puisse y avoir jugement de l’expérience par un jugement de perception, que la perception soit subsumée à une notion intellectuelle, par exemple, l’air est soumis à la notion de cause, notion qui détermine comme hypothétique le jugement sur l’air par rapport à l’expansion[1]. Et alors cette expansion n’est pas représentée comme appartenant simplement à ma perception de l’air dans mon état, ou dans plusieurs de mes états, ou dans

  1. Pour donner un exemple plus facile à comprendre, je prends le suivant : Si le soleil donne sur une pierre il l’échauffe. Ce jugement est purement perceptif, et ne contient pas de nécessité, quel que soit le nombre de fois que moi ou d’autres en ayons fait l’expérience ; seulement les perceptions sont habituellement liées. Mais si je dis : Le soleil échauffe la pierre, la notion intellectuelle de la cause s’ajoute à la perception, lie nécessairement à la notion de l’apparition du soleil celle de la chaleur, ce qui rend le jugement synthétique nécessairement universel, par conséquent objectif, et le fait passer de l’état perceptif à l’état expérimental.