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POSSIBILITÉ DE LA PHYSIQUE PURE.


§ XXII.

Pour embrasser en une seule notion tout ce qui a été dit ci-dessus, le lecteur doit se rappeler d’abord qu’il ne s’agit pas ici de l’origine de l’expérience, mais de ce qu’elle renferme. L’origine est l’affaire de la psychologie, et n’y pourrait même être jamais développée convenablement sans le travail qui est du ressort de la critique de la connaissance et en particulier de l’entendement.

L’expérience résulte d’intuitions qui appartiennent à la sensibilité, et de jugements qui sont l’affaire de l’entendement seul. Mais les jugements que l’entendement ne tire que de représentations sensibles ne sont pas encore, tant s’en faut, des jugements d’expérience. Car dans un cas le jugement n’unirait que les perceptions telles qu’elles sont données dans l’intuition sensible, mais dans le dernier cas les jugements doivent dire ce que contient une expérience en général, et par conséquent pas ce que renferme la simple perception. Le jugement expérimental doit donc ajouter à l’intuition sensible et à sa liaison logique (après qu’elle a été généralisée par voie de comparaison) dans un jugement, quelque chose que détermine le jugement synthétique comme nécessaire, et par conséquent comme d’une valeur universelle ; ce qui ne peut être que la notion qui, à l’exclusion d’une autre, représente l’intuition comme déterminée en soi par rapport à une forme du jugement ; intuition qui est un concept de cette unité synthétique des