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POSSIBILITÉ DE LA PHYSIQUE PURE.


dans l’espace et le temps, à la notion de quantité, et devient ainsi un principe de l’application de la mathématique à l’expérience. Le deuxième ne subsume pas précisément ce qu’il y a proprement d’empirique, la sensation, qui indique le réel des intuitions, à la notion de quantité, parce que la sensation n’est pas une intuition qui contienne l’espace ou le temps, quoiqu’elle y suppose l’objet qui lui correspond. Mais il y a entre une réalité (représentation sensitive) et zéro (c’est-à-dire le défaut absolu d’intuition dans le temps) une différence qui a une quantité, puisqu’entre tout degré donné de lumière et les ténèbres, entre tout degré de chaleur et le froid absolu, tout degré de pesanteur et de légèreté absolue, tout degré de réplétion de l’espace et de vide absolu, se conçoivent toujours des degrés moindres, comme il peut toujours y en avoir de plus petits entre une conscience et la parfaite inconscience (obscurité psychologique). Ce qui fait qu’aucune perception possible ne prouve un défaut absolu, aucune obscurité psychologique, par exemple, qui ne puisse être regardée comme une conscience qui soit dépassée par une autre plus forte, et ainsi dans tous les cas de la sensation. De sorte que l’entendement peut anticiper jusqu’à des sensations qui constituent la qualité propre des représentations empiriques (des phénomènes), à l’aide du principe que toutes, par conséquent le réel de tout phénomène, ont des degrés. C’est là la seconde application de la mathématique (mathesis intensorum) à la science de la nature, à la physique.