Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/128

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1567. jette son corps dans le fleuve. On apporta sa tête à Jean, qui, la poussant du pied, dit, avec un sourire barbare : Il aimait naguère à se baigner dans le sang des ennemis sur le champ de bataille ; il s’est enfin baigné dans le sien propre (27). Le prince Tchéniatef, capitaine distingué, crut pouvoir éviter la mort en se renfermant dans un monastère ; il renonça au monde, à sa femme, à ses enfans ; mais les assassins l’arrachèrent de sa cellule et le firent expirer au milieu d’affreux tourmens. Kourbsky rapporte qu’ils le grillèrent dans un poële et lui enfoncèrent des aiguilles sous les ongles. Le prince Tourontaï-Pronsky, qui avait servi le père de Jean, qui avait participé aux campagnes les plus glorieuses pour la Russie, voulut également se faire moine ; il fut noyé (28) ! Tutin, trésorier du prince, connu par ses richesses, fut haché en morceaux avec sa femme, ses deux jeunes filles, ses deux fils en bas âge, et cet horrible supplice fut exécuté par le prince Tcherkasky, frère de la tzarine !…. Kazarin Doubrovsky, chancelier du conseil, périt de la même manière : grand nombre de gentilshommes furent massacrés au moment où ils se rendaient à l’église et à leurs tribunaux, sans soupçonner aucun danger. Les opritchniks, ar-