Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1560 — 1561. La mort de la tzarine favorisa ces odieux projets.

Calomnie contre Adaschef et Sylvestre. Jean était absorbé dans sa douleur : soit regrets véritables, soit seulement pour plaire au monarque désolé, tout ce qui l’entourait versait des larmes ; au milieu de ces pleurs, sous le masque du zèle, sous l’apparence d’une affection que semblait effrayer la découverte d’un forfait inoui, on vit éclater la plus noire des calomnies. « Prince, dit-on à Jean, vous êtes désespéré ; la Russie entière partage votre douleur et deux monstres triomphent ! Oui, la vertueuse Anastasie vous a été ravie par Sylvestre et Adascheff, ses ennemis secrets, tous deux magiciens ; car, sans le secours de la magie, comment auraient-ils pu maîtriser votre âme pendant si long-temps ? » On fournit des preuves insuffisantes aux yeux mêmes des plus crédules ; mais le tzar savait que, depuis sa maladie, Anastasie avait manifesté de l’éloignement pour Sylvestre et Adascheff : il était persuadé que ceux-ci n’avaient pas aimé cette princesse, et il prêta l’oreille à la calomnie, songeant peut-être à justifier leur disgrâce, sinon par d’irrévocables témoignages d’un prétendu crime, du moins par la manifestation de ses soupçons : instruits de cette accusation, les exilés écrivirent au tzar