Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/158

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1565—1569. effrayante agitation, dont ils ne furent pas long-temps paisibles spectateurs. Des soldats armés de fusils ou l’épée à la main se précipitent dans la maison qu’ils habitaient, brisent les serrures, s’emparent de tout ce qu’ils trouvent, argent, fourrures, etc., et poussent l’audace jusqu’à dépouiller les ambassadeurs et les menacer de la mort : au même instant paraît le prince Charles, le plus jeune des frères du roi. Voronzof, en chemise, lui dit d’un ton ferme que l’on en agissait ainsi dans un repaire de brigands et non pas dans un royaume chrétien : aussitôt Charles, ayant fait sortir les soldats furieux, expliqua au boyard l’événement qui venait de renverser du trône un tyran insensé. Il lui dit que Jean, son frère, devenu roi, désirait conserver la paix avec le tzar, et que l’offense faite aux ambassadeurs, suite du désordre inséparable d’un changement de gouvernement, ne resterait pas impunie. Les envoyés demandèrent leur congé et quittèrent Stockholm ; mais ils restèrent huit mois à Abo, gardés en prisonniers, et n’arrivèrent à Moscou qu’au mois de juillet 1569. C’est alors que le tzar apprit le sort de son frère et ami, Érik, solennellement condamné par les États du royaume à mourir en prison pour divers crimes (portait la sen-