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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/181

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1569. point de salut pour eux, qu’il n’existe plus de pitié dans le cœur de leur meurtrier, essuie ses larmes et dit à son mari avec fermeté : Notre mort n’est pas un suicide, c’est le tyran qui nous empoisonne : mieux vaut encore mourir de la main du tzar que de celle du bourreau. Vladimir fait ses adieux à son épouse, bénit ses fils, prend la coupe d’une main assurée et la vide. Eudoxie et ses enfans ayant suivi son exemple, ils se mettent à prier ensemble ; le poison commençait à opérer : Jean fut témoin de leurs convulsions, de leur mort (49) !… Il fit appeler les dames et les suivantes de la princesse Eudoxie et leur dit : « Voilà les cadavres de mes ennemis ! vous étiez à leur service, mais je veux bien user de clémence envers vous et je vous fais grâce de la vie. » Saisies d’horreur à la vue des corps inanimés de leurs maîtres, elles s’écrient d’une voix unanime : « Monstre sanguinaire, nous ne voulons point de ta miséricorde ! Nous t’avons en exécration ! fais-nous mettre en pièces, nous méprisons la vie et les tourmens. » Dans les transports de leur juste indignation ces jeunes femmes bravaient la mort et la honte même. Jean donna l’ordre de les dépouiller de leurs vêtemens et de les fusiller. Euphrosine, mère de Vladimir, princesse autre-