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suite 1570. on le fit partir pour la capitale, sous une forte escorte.

Jean quitta sans délai Novgorod et se dirigea sur Pskof, après avoir expédié à Moscou la proie acquise par le sacrilége et le pillage. Il n’y avait plus personne pour regretter ces richesses : ceux des habitans qui avaient conservé la vie, rendaient grâce au Seigneur, ou bien se trouvaient dans une espèce de délire. On assure qu’il périt, tant à Novgorod qu’aux environs, jusqu’à soixante mille hommes (54). Le Volkhof était encombré de cadavres, de membres mutilés, et ses flots, teints de sang, furent long-temps à les charrier jusqu’au lac Ladoga. La famine (55) et les maladies vinrent achever la vengeance de Jean ; pendant six à sept mois les prêtres ne pouvaient suffire à donner la sépulture aux morts : on les jetait dans une fosse commune, sans aucune cérémonie funèbre. Cependant Novgorod parut enfin se réveiller de sa morne stupeur : le 8 du mois de septembre, les débris de la population se rassemblèrent pour célébrer une messe des morts dans un champ situé près de l’église de la Nativité, vaste cimetière où se trouvaient dix mille cadavres chrétiens, enfouis sans funérailles ! On voyait à la première place, dans cette touchante cérémonie, un pauvre mendiant, nommé Jean