Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/196

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beau 1570. de Saint-Vsevolod, examina avec étonnement la pesante épée de cet ancien prince de Pskof et voulut ensuite visiter la cellule du solitaire Nicolas. Celui-ci, sous l’égide de sa prétendue démence, ne craignit point de reprocher au tyran ses actions sanguinaires et ses sacriléges (57). On assure qu’il offrit à Jean un morceau de viande crue et que le prince lui ayant dit : « Je suis chrétien et je ne mange point de viande au grand Carême, » l’anachorète lui répondit : « Tu fais pis : tu te nourris de sang et de chair humaine, oubliant non-seulement le Carême, mais Dieu lui-même ! » Alors d’un ton menaçant, il prédit au tzar d’épouvantables malheurs et parvint à lui inspirer un tel effroi qu’il sortit incontinent de Pskof ; il demeura pendant quelques jours dans les faubourgs, permettant à ses soldats de piller les propriétés des habitans les plus riches ; mais il avait défendu de toucher aux biens des prêtres et des moines ; il n’enleva que les trésors des couvens, quelques vases sacrés, des images, des livres. Ayant épargné, comme malgré lui, l’antique patrie d’Olga, il reprit le chemin de Moscou, pour assouvir dans de nouveaux carnages son insatiable soif du sang.

L’archevêque Pimen et quelques uns des plus