Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/23

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1560 — 1561. sous le masque de l’honnêteté dans la foule des courtisans ordinaires, ils s’avancèrent alors sur la scène, et, par la sympathie du mal, ils s’insinuèrent dans l’âme de Jean, qui aimait en eux une certaine légèreté d’esprit, une gaîté feinte, un zèle empressé à exciter, à prévenir ses désirs ; ils oubliaient qu’il est des principes propres à retenir et les princes et leurs courtisans, à modifier les volontés des premiers, à diriger les autres dans l’exécution de ces volontés. Les anciens amis de Jean aimaient le souverain et la vertu : les nouveaux ne songeaient qu’à l’homme et n’en paraissaient que plus aimables. Ils s’entendirent avec deux ou trois moines, maîtres de la confiance de Jean, hommes fins et rusés, auxquels il fut enjoint de rassurer, par une doctrine complaisante, la conscience alarmée du monarque, et de justifier, pour ainsi dire, par leur présence le désordre de ces bruyans festins. Kourbsky désigne entre autres Levky, archimandrite de Tschoudoff, comme le principal complaisant du tzar. Le sentier du vice est glissant ! Passionné pour les femmes, échauffé par le vin, Jean oublia la continence ; et, en attendant la nouvelle épouse qui devait être l’objet d’un amour constant et unique, il se livra au libertinage. Le voile du mystère est transparent