Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/235

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1571. siens sont fatigués de la course qu’ils ont faite dans ton pays. Jean refusa ce présent peu convenable et se fit lire la lettre de Devlet-Ghireï, dont voici la teneur : Je brûle, je ravage la Russie, sans autre motif que celui de venger Kazan et Astrakhan ; sans songer à l’argent, aux richesses, que je regarde comme de la poussière. Je t’ai cherché partout, à Serpoukhof, à Moscou même : je voulais ta couronne et ta tête ; mais tu as fui de ces deux villes et tu oses te vanter de ta grandeur, prince sans courage et sans honte ! Je connais maintenant le chemin de tes États : j’y retournerai bientôt si tu ne rends pas la liberté à mon ambassadeur, que tu retiens inutilement en captivité ; si tu ne fais pas ce que j’exige de toi, si tu te refuses enfin à me jurer fidélité pour toi, tes enfans et tes descendans. Quelle fut en cette circonstance la conduite de Jean ? lui qui montrait tant de hauteur dans ses relations avec les monarques chrétiens de l’Europe ! Il adressa au khan une humble supplique renfermant la promesse de lui céder Astrakhan, après la conclusion solennelle de la paix. Il le conjurait de ne pas troubler, jusques-là, le repos de la Russie, et ne répondait rien aux injures, aux ironies amères de Devlet-Ghireï, consentant à mettre en liberté l’ambassadeur de