Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/237

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vait 1571. attribuer à cette trahison les succès de l’ennemi : elle lui paraissait suffisante pour justifier le délire de sa rage ; cependant il l’appuya bientôt sur un prétendu crime dont l’importance était aussi grave à ses yeux. Ennuyé de son veuvage, bien que peu scrupuleux sur les lois de la chasteté, il cherchait, depuis long-temps, une troisième épouse, affaire que l’invasion des Tatars avait interrompue et qui fut reprise dès que le danger fut passé. On amena au tzar, dans la Slobode Alexandrovsky, des jeunes filles de toutes les villes de l’Empire, sans distinction de naissance, et au nombre de plus de deux mille. Chacune lui ayant été présentée séparément, il en choisit d’abord vingt-quatre, et parmi celles-ci, douze que le médecin et les sages femmes eurent l’ordre de visiter. Il compara long-temps leur beauté, leurs grâces, leur esprit, Nouveau mariage de Jean. et donna enfin la préférence à Marfa Sabakin, fille d’un marchand de Novgorod. Il choisit en même temps pour épouse à son fils aîné Eudoxie Sabourof. Les pères de ces beautés heureuses furent élevés, de simples roturiers, au rang de boyards : les oncles de la future tzarine reçurent la dignité d’okolniks, et son frère celui de grand échanson. Avec ces titres on leur donna pour richesses, le butin des exécutions, biens considérables dont