Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/26

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1560 — 1561. nom, mort prisonnier en Lithuanie, périt pour une parole indiscrète. Offensé de l’orgueil du jeune Basmanoff, favori de Jean, il osa lui dire : « c’est par des actions utiles que nous prouvons notre dévouement au tzar, et non pas comme toi, par les dissolutions de Sodome ! » Basmanoff porta ses plaintes au monarque, et celui-ci, transporté de fureur, plongea un poignard dans le cœur de l’infortuné prince. D’autres rapportent qu’il le fit étouffer (2). Le boyard prince Repnin fut également victime de sa généreuse fermeté. Assistant au palais à une scène scandaleuse, où le tzar, ivre d’hydromel, dansait avec ses favoris masqués, ce seigneur ne put retenir des larmes de douleur. Jean ayant voulu lui mettre un masque, Repnin l’arrache, le foule aux pieds, et s’écrie : « Convient-il à un monarque de faire l’histrion ? Quant à moi, boyard et membre du conseil, je rougirais d’agir comme un insensé ! » Le tzar le chassa aussitôt de sa présence, et quelques jours après, le sang de cet homme vertueux, poignardé pendant qu’il priait le Seigneur, arrosa le parvis de l’église. Bientôt on vit accourir de toutes parts des nuées de délateurs, empressés à flatter la malheureuse disposition de l’âme de Jean. Les entretiens secrets dans les familles,