Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/341

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elle 1577. survivre à une longue suite de siècles ! Tu as servi une patrie ingrate où la vertu est un crime, où la gloire est funeste. Mais tu auras pour toi la postérité. Ton nom a retenti en Europe ! On sait partout que ton courage, que ton génie ont anéanti l’armée des infidèles dans les plaines de Moscou, à la consolation des chrétiens, à la honte de l’orgueilleux Sultan ! Reçois donc ici, à la face de l’univers, l’hommage dû à tes grandes actions, et dans le ciel, auprès du Christ, notre souverain maître, la béatitude éternelle réservée à un innocent martyre !… » Depuis long-temps l’illustre race des princes Vorotinsky, descendans de saint Michel de Tchernigof, est éteinte en Russie : le nom du prince Michel est demeuré l’héritage et la gloire de nos annales.

On fit périr en même temps que lui le boyard et voïévode prince Nicétas Odoïevsky, frère de la malheureuse Eudoxie, belle-sœur de Jean. Depuis long-temps il était dévoué au supplice, pour les prétendus crimes de sa sœur et de son beau-frère ; mais quelquefois le tyran trouvait du plaisir à différer les exécutions, faisant parade de sa clémence et comme pour jouir de la terreur, des angoisses prolongées de ses victimes. Le vieux boyard Morosof eut le même sort