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1579. efforts contre la Russie, un pauvre cosaque du Borystène, valaque d’origine, fameux partisan et renommé pour ses forces physiques[1], parut tout-à-coup à la tête d’une bande de vagabonds, avec lesquels il envahit la Valachie, gouvernée alors par l’hospodar Pierre, tributaire du Sultan et ami de Batory. Irrité de ses audacieux succès, Étienne envoya des troupes pour chasser l’usurpateur ; mais séduit par les promesses des voïévodes, basant sa garantie personnelle sur la parole de Batory, le courageux cosaque mit bas les armes et se rendit de bon gré. Le roi lui fit trancher la tête pour complaire au Sultan, et, en présence de l’ambassadeur de ce prince, il dit aux seigneurs polonais : « Je n’irai pas, par respect pour le droit des gens, aigrir un puissant monarque, qui pourrait nuire à mes États. » Toutefois cette perfidie ne produisit à Batory que des assurances d’amitié de la part d’Amurat. Son prudent visir Mahmet dit aux ambassadeurs d’Étienne à Constantinople : « Nous souhaitons à votre roi de glorieux succès. Il est difficile, mais il n’est pas impossible de vaincre le tzar de Moscovie, que

  1. Il rompait un fer à cheval avec ses mains, ce qui lui avait fait donner le surnom de podkova, c’est-à-dire fer à cheval.