Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/454

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1582.
Jean veut quitter le monde.
Dans le trouble de son âme, il fit convoquer les boyards et leur dit avec gravité : « La main de Dieu s’est appesantie sur moi et il ne me reste plus qu’à finir mes jours dans la solitude d’un monastère. Incapable de gouverner la Russie, Fédor, mon second fils, ne pourrait régner long-temps. Choisissez donc un digne monarque ; je lui remettrai à l’instant mon sceptre et mes États. » Ces mots excitèrent une vive surprise dans l’assemblée. Quelques-uns des assistans, persuadés de la sincérité de Jean, étaient émus jusques au fond du cœur, d’autres, soupçonnant une ruse, regardaient cette proposition comme un moyen de sonder leurs secrètes pensées, et craignaient de s’exposer, eux et l’objet de leur choix, à un cruel supplice. Ils répondirent unanimement : « Ne nous abandonnez pas, nous ne voulons point d’autre souverain que celui que Dieu nous a donné, vous et votre fils. » Le tzar résista d’abord à leurs pressantes sollicitations, cependant il consentit à supporter encore le fardeau du gouvernement ; mais le sceptre, la couronne, tous les objets de grandeur, de richesse et de luxe, furent éloignés de sa vue. Couvert, ainsi que sa cour, d’habits de deuil, il assistait à des services funèbres, et s’imposait des pénitences. Il envoya