Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/516

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1584. réduits à un petit nombre ; il se contentait donc de faire tirer du canon, sans aucun résultat, car n’ayant que des pièces d’artillerie légère, il ne pouvait atteindre l’ennemi qui se tenait hors de portée et ne voulait pas s’approcher de la ville, certain de la prendre par famine, chose inévitable si le siége avait duré plus long-temps. Dans cette extrémité les Cosaques prennent une résolution désespérée. Pendant la nuit du 12 juin, laissant Iermak pour veiller à la sûreté de la ville, ils en sortent commandés par Mathieu Metchériak, se glissent à travers les chariots de l’ennemi, et à la faveur de l’obscurité ils parviennent jusqu’à l’endroit nommé Saouskan, à quelques verstes de la ville. C’est là que Karatscha avait établi son camp. Aussitôt ils se jettent sur les Tatars plongés dans le sommeil, en égorgent un grand nombre (entre autres deux fils de Karatscha), poursuivent de tous côtés les fuyards saisis d’épouvante et se baignent dans le sang des infidèles. Le mourza lui-même s’enfuit au delà du lac, suivi de quelques-uns des siens. L’aube du jour rendit bientôt le courage aux ennemis. Des troupes arrivées des autres campemens avaient arrêté les fuyards : les Tatars s’étaient rangés en ordre de bataille ; cependant les Cosaques, retranchés au milieu des chariots