Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/53

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mée, 1563. invasions désastreuses, il est vrai, pour la Russie, mais bien plus encore pour la Tauride elle-même, déjà pauvre en hommes, en armes et en chevaux ; il lui parlait des églises chrétiennes érigées à Kazan, à Astrakhan, louait la fidélité des princes tcherkesses et nogaïs ; enfin, plaignant l’inutile haine de Sigismond qu’il venait de couvrir de honte en ravageant ses États, il ajoutait : « Tous les grands-officiers du roi se sont prosternés devant mes boyards, pour que nous mettions fin à leurs infortunes. Ceux-ci ont imploré le prince Wladimir Andréiévitsch, et sont tombés à mes pieds en disant : Seigneur, vous avez la même religion ! Pourquoi ne pas arrêter l’effusion du sang ? vous regorgez de prisonniers et de richesses ; la plus forte ville de Sigismond est en votre pouvoir. Votre ennemi est dans les larmes et s’abandonne à votre discrétion ! Je n’ai voulu affliger ni un frère que j’aime, ni mes bons serviteurs : nous sommes revenus à Moscou !… Voyez si vous voulez être mon ami. » Déjà, depuis plusieurs années, les ambassadeurs du perfide Devlet Ghireï gémissaient dans une étroite prison. On leur rendit la liberté pour témoigner à leur maître les bonnes dispositions du monarque russe à son égard ; mais, dans sa lettre au