Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/554

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1584. nation d’un ambassadeur à Londres, un événement vint changer le cours des choses.

Maladie et mort de Jean. Nous touchons à la description d’une heure grande, solennelle !…… Après avoir tracé la vie de Jean, nous allons voir sa fin, également étonnante, et faite pour effrayer l’imagination, car le tyran mourut comme il avait vécu, c’est-à-dire, en exterminant les hommes. Les traditions contemporaines ne désignent pas ses dernières victimes. Peut-on croire à l’immortalité de l’âme et ne pas frémir à l’idée d’une semblable mort ? Ce moment terrible que sa propre conscience et d’innocens martyrs lui avaient depuis long-temps prédit, approchait en silence, bien que ce prince n’eût pas atteint une vieillesse avancée et qu’il conservât, avec sa force d’esprit, toute l’ardeur de ses désirs. Il jouissait d’une santé robuste et croyait pouvoir espérer encore de longues années ; mais quelle force physique pourrait résister au choc des passions effrénées qui agitent la sombre existence d’un tyran ? Le délire continuel de la rage et de la crainte, le remords sans repentir, les odieux transports de la dissolution, les tourmens de la honte, une impuissante fureur dans les revers des armes, enfin le ver rongeur de l’infanticide, tourment anticipé sur celui des enfers, avaient,