Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/557

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1584. avec les puissances chrétiennes. Il parla des suites désastreuses de celle de Livonie et de Suède, déplora l’épuisement de la Russie, prescrivit une diminution d’impôts et la mise en liberté de tous les détenus, même des prisonniers polonais et allemands. Il semblait que se préparant à quitter le trône et le monde, il voulut se réconcilier avec sa conscience, avec l’humanité, avec le Tout-Puissant. On aurait dit que son âme, plongée jusque-là dans un criminel délire, revenait à elle-même ; qu’il désirait préserver son fils de ses funestes erreurs ; qu’un rayon de la grâce éclairait au pied de la tombe, ce cœur ténébreux et glacé ; qu’au moment où l’ange de la mort lui était apparu pour l’appeler à la vie éternelle, le repentir avait enfin trouvé place dans son cœur !….

Cependant, que faisait-il dans les momens où la maladie lui donnait quelque relâche ? un douloureux silence régnait à la cour, car toujours la cour pleure ou feint de pleurer un monarque mourant. La charité chrétienne portait l’attendrissement dans tous les cœurs : oubliant la cruauté du tzar, les citoyens, prosternés dans les temples, y formaient des vœux pour son rétablissement ; les familles persécutées, les veuves, les orphelins des innocens immolés par