Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/559

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d’hui 1584. que je dois mourir, et je sens renaître mes forces. » Attendez, répondirent ceux-ci, la journée n’est pas écoulée. On prépara un second bain dans lequel il resta environ trois heures ; ensuite il se coucha, et prit quelque repos. Un instant après, il se lève, il demande un jeu d’échecs, et assis sur son lit, en robe de chambre, il arrange lui-même les pièces pour jouer avec Belsky. Tout-à-coup il tombe et ferme les yeux pour l’éternité !… Les médecins accourent aussitôt, 18 Mars. et le frottent avec des essences spiritueuses pour le rappeler à la vie, tandis que le métropolitain, exécutant sans doute la volonté du tzar à lui connue depuis long-temps, lisait sur le corps les prières du sacre monastique dans lequel il reçut le nom de Jonas… Dans ces momens solennels, un profond silence régnait au palais. Bien que tout le monde s’attendit à l’événement, on craignait de s’interroger à ce sujet. Jean n’était plus qu’un cadavre inanimé ; cependant il paraissait encore redoutable aux courtisans qui le regardaient sans oser en croire leurs propres yeux, ni publier sa mort : mais enfin le Kremlin retentit bientôt de la grande nouvelle : on entendit crier le tzar n’est plus ! et à l’instant, le peuple poussa des cris lamentables…… À quoi les attribuer ? Cet