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1584.
Réglemens pour l’armée.
Nous avons déjà fait mention des institutions militaires de ce règne. Jean, dont la lâcheté sur le champ de bataille couvrait de honte les drapeaux de la patrie, lui laissa cependant une armée mieux disciplinée et beaucoup plus nombreuse qu’elle n’en avait jamais eu jusqu’alors. Il extermina les plus célèbres voïévodes sans détruire le courage des guerriers qui, surtout, en faisaient preuve dans l’adversité : en effet, Batory, cet illustre ennemi de la Russie, parlait avec admiration, au jésuite Possevin, de leur mépris de la mort dans la défense des villes, de l’imperturbable sang-froid avec lequel ils prenaient la place de leurs camarades tués par l’ennemi, ou sautés en l’air par l’explosion des mines, formant sur la brèche un rempart de leurs corps ; obligés de combattre jour et nuit, n’ayant que du pain pour nourriture, succombant à la famine, ils ne se rendaient pas, pour rester fidèles à leur souverain. Leurs femmes paraissaient auprès d’eux au milieu du danger, cherchant à éteindre les incendies, lançant sur l’ennemi des poutres ou de grosses pierres. Étaient-ils en campagne ? ces guerriers dévoués à la patrie se distinguaient sinon par leur habileté, au moins par une admirable patience : ils supportaient, sans murmurer, la rigueur des hi-