Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/605

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lois ; il rappelait la conquête de trois royaumes mogols. Les témoignages de ses actions atroces étaient ensevelis au fond des archives ; tandis que dans le cours des siècles, Kazan, Astrakhan, la Sibérie, étaient, aux yeux du peuple, d’impérissables monumens de sa gloire. Les Russes, qui révéraient en lui l’illustre auteur de leur puissance, de leur civilisation, avaient rejeté ou mis en oubli le surnom de tyran que lui avaient donné ses contemporains. Seulement, d’après quelques souvenirs confus de sa cruauté, ils le nomment encore de nos jours Jean le Terrible ; mais sans le distinguer de son aïeul, à qui l’ancienne Russie avait accordé la même épithète plutôt comme éloge qu’à titre de reproche. L’Histoire ne pardonne pas aux mauvais princes aussi facilement que les peuples !