Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/74

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1564. héros à Toula, à Kazan, dans les déserts des Bachkirs comme aux champs de la Livonie ; naguères favori, ami particulier du tzar, le prince André Kourbsky enfin, imprima sur son front le sceau de l’infamie ! Jusqu’à cette époque rien n’avait souillé sa gloire aux yeux de la postérité : tout à coup le tzar, qui le considérait comme un ami des Adascheff, lui avait retiré son affection et ne cherchait que l’occasion de condamner un innocent. Ce fier voïévode, lorsqu’il commandait à Dorpat, avait eu à supporter des reproches, des insultes diverses ; plusieurs fois il s’était entendu menacer, lorsqu’enfin il apprend que l’on prépare sa perte. Une mort honorable au milieu des combats ne pouvait effrayer son imagination ; mais, frémissant à l’idée du supplice, il expose à son épouse qu’il ne lui restait plus que deux partis à prendre, ou de mourir bientôt à ses yeux, ou d’avoir le courage de la quitter pour toujours. Cette femme généreuse répondit qu’elle était prête à sacrifier son bonheur pour sauver les jours de son époux, et le prince, baigné de larmes, prend congé d’elle : il donne sa bénédiction à son fils, âgé de neuf ans, profite de la nuit pour sortir secrètement de sa maison, franchit les murailles de la ville, et, au moyen de deux chevaux pré-