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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome V, 1820.djvu/301

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comme des hommes pacifiques, adonnés à la volupté et au luxe, pleins de confiance dans leurs inaccessibles marécages. Ils se moquèrent, dit le même historien, des menaces de Vitovte, et lui firent dire qu’ils lui préparaient de l’hydromel pour son arrivée ; mais ce vieillard infatigable, au milieu des glaces de la vieillesse, sut frayer à sa nombreuse armée une route à travers les marais dangereux de la forêt connue sous le nom de Forêt Noire.

La marche était ouverte par dix mille ouvriers armés de haches, et le chemin fut bientôt aplani au moyen de quantité d’arbres abattus, qui servirent de pont à l’infanterie et à la cavalerie ; les caissons, les arquebuses, les canons furent transportés par la même voie, et Vitovte alla mettre le siége devant Porkof. Les annalistes disent que le plus grand des canons de siége avait été fondu par un ouvrier allemand et qu’il était traîné par quarante chevaux. Cette énorme bouche à feu brisa, d’un seul coup, une tour de pierre de la ville, ainsi que le mur de l’église de St.-Nicolas ; mais une trop forte charge la fit voler en éclats, et ses débris causèrent la mort d’un grand nombre de Lithuaniens, entre autres du fondeur lui-même et du voïévode de Polotsk. La ville était commandée par le possadnik Gré-