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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome V, 1820.djvu/455

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Enfin, à une époque où le nom de Russe était avili, ce peuple s’honorait de celui de chrétien, et chérissait encore sa patrie comme le séjour de la vraie religion.

Changement dans l’ordre civil. L’ancien ordre intérieur de l’État fut changé : tout ce qui portait quelque empreinte de liberté, tout ce qui pouvait rappeler les anciens droits dont avaient joui les citoyens, fut restreint et disparut. Les princes, qui, à la horde, rampaient aux pieds des khans, en revenaient pour exercer le pouvoir tyrannique qu’ils recevaient de ces chefs suprêmes. Sous la domination des Mogols, on vit s’exécuter facilement et sans violence ce que n’avaient pu faire ni Yaroslaf-le-Grand, ni André Bogolubsky, ni Vsevolod III. Ni à Vladimir, ni dans aucune ville, à l’exception de Novgorod et de Pskof, on n’entendit plus la cloche du vetché ou assemblée du peuple, cette voix du suprême pouvoir national, souvent séditieuse, mais toujours chère aux descendans des Slaves-Russes. Ce droit de nos anciennes cités n’était plus l’apanage des villes modernes, et Moscou, Tver, qui s’élevèrent sous les Mogols, ne purent en jouir. Nos annales ne font mention que d’un seul concile tenu à Moscou ; encore en parlent-elles comme d’un fait extraordinaire. C’était à l’époque où la capitale, mena-