Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome VIII, 1820.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion 1543. rare et une force de volonté extraordinaire, il aurait possédé toutes les qualités des grands monarques, si l’éducation avait cultivé ou perfectionné les dons qu’il tenait de la nature : mais L’éducation de Jean est négligée. privé de bonne heure des auteurs de ses jours, abandonné aux soins de seigneurs violens, aveuglés par leur extravagante ambition et l’intérêt personnel, il fut, sur le trône, le plus infortuné des orphelins ; car les vices que lui donna une jeunesse négligée, préparèrent et ses propres malheurs, et ceux de millions d’autres hommes. Le meilleur naturel peut tourner au mal, lorsque la raison, partage exclusif de l’âge mûr, et destinée à régler, à contenir les passions, ne se trouve pas remplacée par les préceptes de la saine morale, qu’un guide prudent et sage doit rappeler sans cesse à un jeune homme. Jean Belzky eût mérité seul d’être à la fois l’instituteur et le modèle du monarque orphelin. Mais les Schouisky, en enlevant à l’État l’un de ses dignitaires les plus respectables, cherchèrent à captiver l’amitié du jeune prince par une basse soumission à tous ses caprices enfantins ; ils étaient sans cesse occupés de le distraire et de l’amuser par des jeux bruyans, exécutés dans le palais, ou, dans la campagne, par le spectacle de chasses d’animaux ; ils nourissaient en lui des dispositions à toutes sortes de