Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome VIII, 1820.djvu/58

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plusieurs même exécutés, et cependant ils exigeaient de ce prince que dans ses lettres au monarque russe, il louât leur zèle et leur attachement. Les annalistes assurent que Schig-Alei prévoyant le sort qui lui était réservé à Kazan, n’avait consenti à s’y rendre que pour se conformer aux ordres de Jean. Pendant un mois entier il endura ces indignes procédés, sans donner aucun signe de mécontentement, ne confiant ses chagrins qu’au seul Tchoura, l’un des princes les plus considérables du pays, sincèrement dévoué à la Russie. Ce brave seigneur fit d’inutiles efforts pour faire rentrer dans les bornes du devoir et de la modération ces dominateurs de Kazan, et ce fut en vain qu’il leur représenta les funestes conséquences qui pouvaient résulter de leur conduite insensée ; ses exhortations produisirent un effet contraire au but qu’il s’était proposé. Comme en aigrissant Schig-Alei ils redoutaient la vengeance de Jean, ils résolurent de rappeler Safa-Ghireï, qui, à la tête d’une troupe de Nogaïs, s’était déjà avancé jusqu’à la Kama. Le prince Tchoura ayant découvert cette conspiration, en donna avis à Schig-Alei, lui conseilla de fuir, et fit, à cet effet, préparer une barque. Ce prince profitant du désordre d’une fête où, à la suite de nom-