Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome VIII, 1820.djvu/60

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comme il lui était recommandé de ne point assiéger Kazan, il se contenta de dévaster le pays ; et se fit accompagner à Moscou par cent guerriers Tchérémisses, qui devaient être, pour les Russes, des gages de la fidélité de ce peuple.

Voyages du grand prince et mécontentement du peuple. Cependant le grand prince faisait de fréquens voyages dans les différentes provinces de son empire, sans autre but que celui de visiter les plus célèbres monastères et de se procurer, dans des forêts sauvages, le divertissement de la chasse ; mais il ne s’occupait en aucune manière à y faire observer les lois, à protéger le peuple contre l’oppression et les exactions des gouverneurs. C’est ainsi, qu’accompagné de son frère Youri et de Vladimir-Andréiévitch il se rendit à Vladimir, Mojaïsk, Volok, Rjef, Tver, Novgorod, Pskof, etc. La foule de boyards, d’officiers dont il était entouré, lui cachait le spectacle de la consternation du peuple, et au milieu du tumulte des plaisirs, les lamentations, les cris des malheureux ne pouvaient parvenir jusqu’à lui. Dans ses courses rapides, il ne laissait d’autres traces de son passage, que des larmes, de justes sujets de plainte, et une augmentation de misère, car la cour devait être défrayée ; elle exigeait en outre des présens, et ces voyages ruinaient le peuple. En un mot, la Russie ne