Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome VIII, 1820.djvu/84

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pas fait répandre ? Que de fois vous avez fait couler un sang qui ne peut retomber sur moi ! Mais, craignez le jugement de Dieu ! » Saluant alors de tous côtés, le monarque continua ainsi : « Ô vous, peuple que le Tout-Puissant m’a confié, j’invoque aujourd’hui et votre religion et l’attachement que vous avez pour moi : montrez-vous généreux ! Il est impossible de réparer les maux passés ; mais je saurai dorénavant vous préserver de l’oppression et du pillage. Oubliez des chagrins qui ne se renouvelleront jamais ! Mettez de côté tout sujet de haine et de discorde : qu’une ardeur chrétienne et fraternelle embrase tous les cœurs ! À dater de ce jour, je serai votre juge, votre défenseur. » Dans ce jour solennel où la Russie entière, représentée par ses députés rassemblés dans la place publique, recevait, de son jeune souverain, la promesse de ne vivre que pour le bonheur du peuple, Jean, emporté par un généreux enthousiasme, accorda à tous les boyards coupables le pardon de leurs fautes. Il pria le métropolitain et les évêques de ratifier cet acte de clémence, au nom du Père céleste, et témoigna le désir de voir tous les Russes s’embrasser comme des frères, voulant que toutes