Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/289

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parut dangereux au Régent par son titre pompeux de Tsar et comme gendre du plus illustre des Boyards. Boris, en gage d’amitié, lui envoya, pour le jour de sa fête, du vin d’Espagne. Siméon en but un bocal en portant la santé du Tsar, et perdit la vue quelques jours après. On attribua cet accident à du poison qui avait été mêlé à ce vin. C’est du reste ce que dit l’Annaliste et ce qu’avait dit le malheureux Siméon lui-même au français Margeret. Cette cécité, du moins, pouvait être utile à Boris ; car des actes officiels, du siècle suivant, prouvent que l’idée de mettre la couronne de Monomaque sur la tête d’un Tatare, ne paraissait point absurde aux Russes de ce tems (201).

Pour la dernière fois, attachons nos regards sur Fédor lui-même. N’ayant eu à la fleur de l’âge d’autre idée que le salut de son âme, il s’occupait encore moins que jamais, à cette époque, du monde et de l’État. Il allait à pied ou en voiture d’un couvent à l’autre, répandait ses bienfaits sur les pauvres et sur les ecclésiastiques, principalement sur les moines grecs de Jérusalem, du Péloponèse et d’autres qui nous apportaient des objets auxquels la