Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/293

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tournait encore ses regards mourans sur Godounoff, écoutant avec effort les instructions qu’il lui donnait à voix basse.

Les Boyards gardaient le silence, le métropolitain Job dit enfin, d’une voix tremblante : « La lumière s’obscurcit à nos yeux ; le juste va passer dans les bras de l’Éternel.… Seigneur, à qui lègues-tu la couronne, nous autres orphelins et ton épouse » ? Fédor répondit d’une voix éteinte : « Le Tout-Puissant doit disposer de ma couronne, de vous autres et de mon épouse… Je laisse un testament ». Ce testament était déjà écrit. Fédor remettait le sceptre à Irène (208) et nommait exécuteurs testamentaires le Métropolitain, son cousin Fédor Romanoff-Jourieff, neveu de la Tsarine Anastasie, et son beau-frère Boris-Godounoff, comme principaux conseillers du Trône. Il voulut être seul en prenant congé de sa tendre épouse, et lui parla sans autre témoin que le Ciel (209). Cet entretien resta inconnu. À onze heures du soir, Job donna l’Extrême-Onction au Tsar, le confessa et le fit communier. À une heure du matin, le 7 janvier, Fédor expira sans convulsions,