Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/309

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grand Tsar Ivan et nourris de sa table ; le Tsar ayant trouvé Irène digne d’être sa belle-fille, depuis ce temps Boris ne le quitta plus et se forma sous lui dans la science du gouvernement. Un jour le Tsar ayant appris que son jeune favori était malade, il alla le voir avec nous et lui dit avec bienveillance : Boris, je souffre pour toi comme pour mon fils, pour mon fils, comme pour ma belle-fille, et pour ma belle-fille, comme pour moi-même. Il leva trois de ses doigts et dit : Voilà Fédor, Irène et Boris ; tu n’es point mon sujet, mais mon fils. À ses derniers momens, lorsque tout le monde s’éloigna pour lui laisser faire sa confession, Ivan garda Godounoff auprès de son lit et lui dit : Mon cœur n’a rien de caché pour toi ; je remets à tes soins mon fis, ma fille et tout l’Empire ; veille sur eux ; tu en répondras devant Dieu. Boris, se rappelant ces paroles mémorables, a veillé avec un soin religieux sur le jeune Monarque et sur l’État ». Ils dépeignirent ensuite comment le Régent, par sa prudence et son infatigable activité, avait élevé notre Patrie, vaincu le Khan et les Suédois, réprimé la Lithuanie,