Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/316

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Trône ». Il jura de nouveau que jamais son esprit timide n’avait conçu l’idée d’une pareille élévation, effrayante pour un mortel. Il prenait à témoin le Tout-Puissant, Irène elle-même, qu’il n’avait point d’autres désirs que de vivre auprès d’elle et de contempler sa figure angélique. La Tsarine insista, et Boris, comme au désespoir, dit : « Que ta volonté s’accomplisse, ô mon Dieu ! montre-moi la véritable route et ne sois point un juge rigoureux de ton serviteur. Je me soumets à tes décrets, en remplissant le désir de la nation ». Les Évêques et les grands fléchirent le genou devant lui. Le Patriarche, après avoir béni de la Croix Boris et la Tsarine, se hâta d’informer les nobles, les magistrats et tous les citoyens, que le Tout Puissant leur avait donné un Tsar. La joie fut universelle et inexprimable. On levait les mains au ciel, on lui adressait des actions de grâce ; on pleurait ; on s’embrassait, et, depuis la cellule de la Tsarine jusqu’à l’extrémité de la grande plaine, on n’entendait que le cri d’allégresse : Gloire ! Gloire à Dieu ! Entouré des nobles, pressé par le peuple, Boris, précédé du Cler-