que pour se rendre auprès d’Irène, dont il cherchait à calmer les douleurs, en partageant son affliction. Il semblait en effet que cette Princesse infortunée ne pouvait se passer de la présence du seul homme que son cœur chérissait encore. Inconsolable de la mort d’un époux qu’elle avait tant aimé, elle passait les jours et les nuits à gémir, et ses forces, affaiblies par les larmes, s’éteignaient visiblement ; elle semblait déjà porter la mort dans son sein. Les Évêques et les Grands conjurèrent envain le Tsar de quitter un séjour aussi triste pour lui, de venir habiter le palais du Kremlin avec son épouse et ses enfans, et de se montrer au peuple, sur le trône et avec la couronne sur la tête. Boris leur répondit, qu’il ne pouvait se séparer de sa grande Souveraine, sa sœur infortunée, et, dans son infatigable dissimulation, il assura de nouveau qu’il ne désirait point la couronne. Mais Irène lui ordonna une seconde fois de remplir la volonté de la Nation et de Dieu, d’accepter le sceptre et de régner, non dans une cellule, mais sur le trône de Monomaque. Enfin, le
Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/11
Apparence