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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/124

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souveraine, par des efforts infatigables, par l’intrigue, la duplicité et le crime, jouit-il pleinement de cette grandeur dont son âme fut si avide, de cette grandeur qu’il acheta à un si haut prix ? Gouta-t-il même la satisfaction plus pure d’être le bienfaiteur de ses sujets, et de mériter l’amour de la patrie ? Cette jouissance, s’il la goûta, fut de courte durée.

Commencement brillant du règne de Godounoff. Les deux premières années du règne de Godounoff paraissaient les plus belles de la Russie, depuis le quinzième siècle, ou depuis sa restauration (105). Élevée au faîte de sa nouvelle puissance, maintenue dans une parfaite sécurité par ses propres forces et par les circonstances heureuses du dehors, la sagesse, la fermeté et la clémence présidaient à son administration intérieure ; Boris, fidèle au serment qu’il avait prêté lors de son couronnement, voulait mériter le nom de père du peuple, en diminuant les charges ; de père des orphelins et des pauvres, en les comblant de bienfaits sans exemple jusqu’alors ; et celui d’ami de l’humanité, en respectant la vie des hommes : ne répandant pas en Russie une