ces derniers (137) ; la loi donnée sous le règne de Fédor, uniquement pour complaire à la noblesse, et qui permettait de rendre esclaves tous ceux qui auraient servi plus de six mois leurs maîtres, détruisit entièrement l’état de cultivateurs libres dans notre patrie, et remplit les maisons des Boyards d’esclaves, parmi lesquels, en contravention aux réglemens d’Ivan, il se trouvait beaucoup de Militaires et de Nobles, que la misère obligeait à se mettre aux gages des riches : cette loi barbare devint encore une source de violences : les Boyards asservissaient sans pudeur, non-seulement leurs domestiques, mais aussi tous ceux qu’ils trouvaient sans défense, et qui leur plaisaient, soit par leurs talens, leur adresse ou leur beauté (138) ! Cependant les Nobles qui, au sein de l’abondance, avaient augmenté avec plaisir le nombre de leurs serviteurs, voulurent s’en défaire lors de la famine : cette volonté devint une tyrannie impitoyable ! Les maîtres qui avaient encore de la conscience, renvoyaient au moins leurs esclaves en leur donnant des titres d’affranchissement ; mais d’autres les chassaient sans aucun acte légal, afin de pou-
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