Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/193

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avaient dit, dans une conversation confidentielle : Ce n’est point la guerre de Crimée qui nous attend, c’en est une bien différente ; mais il est difficile de lever la main contre son Souverain légitime. Boris, continua-t-il, était malade, marchait à peine à cause d’une faiblesse dans les jambes, et songeait à expédier secrètement le trésor de Moscou à Astrakhan et en Perse ».

Sans doute Godounoff n’avait point fait périr Irène, et ne songeait pas d’avantage à chercher un refuge en Perse ; il n’avait point encore découvert de traîtres parmi les Russes, et n’avait condamné aucuns de ses sujets à la mort, pour leur attachement à l’Imposteur (176). Tout en écoutant avec avidité les délations souvent calomnieuses de ses espions, il n’osait pour sa propre sûreté se livrer, dans de semblables circonstances, à des excès tyranniques. Dévoré de soupçons, jusqu’alors sans fondement, il voulait par les dehors d’une généreuse confiance, toucher les Boyards et les Dignitaires ; mais à la vérité, il balançait encore à faire marcher une armée sur les frontières de la