tri ; mais le peuple refusa de les livrer, et on s’écria de toutes parts : « Le temps des Godounoff est passé ; avec eux nous étions dans les ténèbres ; le soleil se lève sur la Russie : Vive le Tsar Dmitri ! Anathême à la mémoire de Boris ! Périsse la race des Godounoff » ! Et à ces cris, la foule se précipite dans le Kremlin. Les soldats et les gardes du corps avaient disparu en même temps que les amis de Fédor ; on ne voyait plus que des rebelles forcenés. Ils enfoncent les portes du Palais, et lèvent une main audacieuse sur celui à qui ils venaient de prêter serment de fidélité. On arrache le jeune Tsar du trône, sur lequel il avait cherché un refuge ; sa mère infortunée, tombe aux pieds des rebelles, et les conjure, en fondant en larmes, de conserver, non l’Empire, mais la vie à son fils bien aimé. Cependant ces hommes reculaient encore devant le crime : ils ne firent point de mal à Fédor, se contentant de le conduire avec sa mère et sa sœur, hors du palais, dans une maison appartenant à la famille de Boris, située dans le Kremlin, où ils leur donnèrent une garde. On enferma
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