Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/27

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oubliant les usages de l’Église, interrompit la messe et s’écria (17) : « Ô mon père, Job, grand Patriarche, je prends Dieu à témoin qu’il n’y aura dans mon Empire ni un orphelin ni un pauvre ». Et saisissant le col de sa chemise, il ajouta : « Oui, je donnerai s’il le faut jusqu’à ce dernier vêtement à mon peuple ». Alors on vit éclater un transport universel, des cris d’admiration et de reconnaissance retentirent de toutes parts dans le temple. On rapporte même que dans ce moment d’ivresse générale, le nouveau Souverain touché des marques de tant d’amour, prononça le serment d’épargner le sang et la vie même des criminels et de se borner à les éloigner dans les déserts de la Sibérie (18). Jamais en Russie aucun couronnement ne produisit plus d’effet que celui de Boris sur l’imagination et les sentimens du peuple. Mstislafsky versa sur la tête du Tsar une pluie d’or à la porte de l’église, et Boris, la couronne sur la tête, la pomme d’or et le sceptre à la main, se rendit, au sortir du temple, au palais des Tsars, pour occuper sur le trône de Russie la place des princes Varègues ; et le reste du jour fut