tience des Russes, si peu considérés par eux, comme nous l’avons vu, que Mnichek offrait indiscrètement sa protection aux Boyards, et que l’Ambassadeur du Roi avait osé dire publiquement que le Tsar n’était que la créature de Sigismond. Aux repas de noce et dans le palais, les Polonais, échauffés par le vin, avaient accusé nos Voïévodes, de lâcheté et de bassesses, disant par jactance : « C’est nous qui vous avons donné un Tsar ». Les Russes, quelqu’humiliés, quelque coupables qu’ils fussent envers la Patrie et la vertu, conservaient encore de l’orgueil national ; ils frémissaient de rage à ces insolens propos ; mais ils se contraignaient, en se disant à l’oreille : « L’heure de la vengeance n’est pas éloignée ».
Ce n’était point assez de ces outrages : les soldats Polonais, et même les dignitaires Lithuaniens ivres, en sortant du palais, sabraient les Moscovites dans la ville, déshonoraient les femmes et les filles, même celles des Boyards, les insultant dans les rues, ou forçant les portes de leurs maisons (361). Les maris et les mères gémissaient, et demandaient justice à grands cris. On voulut supplicier un