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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome XI, 1826.djvu/388

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Dernière nuit de l’Imposteur. Les Polonais même, quoiqu’ils ne fussent point sans craintes, dormaient paisiblement dans les maisons déjà signalées par une vengeance sanglante ; car les Russes y avaient secrètement mis des marques, afin de les reconnaître. Plusieurs seigneurs Polonais avaient leur propre garde ; d’autres, se fiaient à celle du Tsar ; mais les streletz, leurs gardiens, étaient eux-mêmes du complot, ou ne songeaient point à verser le sang russe, pour sauver des étrangers détestés. La nuit se passa sans sommeil pour la plupart des Moscovites (375), car les Fonctionnaires de la ville allaient de maison en maison, donnant l’ordre secret à tous les habitans d’être prêts à défendre l’Église et l’Empire, de s’armer et d’attendre le tocsin. Une partie d’entr’eux savait ce qui devait se passer, et ceux qui l’ignoraient, persuadés, comme on le leur avait dit, qu’il s’agissait d’une grande et sainte entreprise, s’armaient de tout ce qu’ils trouvaient sous la main. Mais ce qui agissait peut-être avec plus de force sur le peuple, c’était sa haine contre les Polonais ; il était encore animé, et par la honte d’avoir pour Tsar un aventurier, et