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Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/113

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qu’est-ce que c’est que notre âme ? A-t-elle une forme, une apparence quelconque ? Est-ce un être limité ou indéfini ? Les uns disent que c’est un souffle de Dieu, d’autres une étincelle, d’autres une partie du grand Tout, le principe de la vie et de l’intelligence ; mais qu’est-ce que tout cela nous apprend ? Que nous importe d’avoir une âme si après nous elle se confond dans l’immensité comme les gouttes d’eau dans l’océan ! La perte de notre individualité n’est-elle pas pour nous comme le néant ? On dit encore qu’elle est immatérielle ; mais une chose immatérielle ne saurait avoir des proportions définies ; pour nous ce n’est rien. La religion nous enseigne aussi que nous serons heureux ou malheureux, selon le bien ou le mal que nous aurons fait ; mais quel est ce bonheur qui nous attend dans le sein de Dieu ? Est-ce une béatitude, une contemplation éternelle, sans autre emploi que de chanter les louanges du Créateur ? Les flammes de l’enfer sont-elles une réalité ou une figure ? L’Église elle-même l’entend dans cette dernière acception, mais quelles sont ces souffrances ? Où est ce lieu de supplice ? En un mot, que fait-on, que voit-on, dans ce monde qui nous attend tous ? Personne, dit-on, n’est revenu pour nous en rendre compte. C’est une erreur, et la mission du spiritisme est précisément de nous éclairer sur cet avenir, de nous le faire, jusqu’à un certain point, toucher au doigt et à l’œil, non plus par le raisonnement, mais par les faits. Grâce aux communications spirites, ce n’est plus une présomption, une probabilité sur laquelle chacun brode à sa guise, que les poètes embellissent de leurs fictions, ou sèment d’images allégoriques qui nous trompent, c’est la réalité qui nous apparaît, car ce sont les êtres mêmes d’outre-tombe qui viennent nous dépeindre leur situation, nous dire ce qu’ils font, qui nous permettent d’assister pour ainsi dire à toutes les péripéties de leur vie nouvelle, et, par ce moyen, nous montrent le sort inévitable qui nous est réservé selon nos mérites et nos méfaits. Y a-t-il là rien d’anti-religieux ? Bien au contraire, puisque les incrédules y trouvent la foi et les tièdes un renouvellement de ferveur et de confiance. Le spiritisme est donc le plus puissant auxiliaire de la religion. Puisque cela est, c’est que Dieu le permet, et il le permet pour ranimer nos espérances chancelantes, et nous ramener dans la voie du bien par la perspective de l’avenir.